Résumé
La dyslexie est un trouble spécifique de l’apprentissage du langage écrit, d’origine neurodéveloppementale. Bien que les déficits s’atténuent grâce aux prises en charge orthophoniques ou soient masqués par des stratégies de compensation, ils persistent chez l’adulte. Les dyslexiques décrivent ainsi significativement plus de difficultés que les autres dans les études supérieures [1]. Il est donc important de considérer leur handicap, et d’adapter des aides favorisant l’égalité des chances, y compris à l’université. Notre étude vise à préciser les difficultés qu’ils rencontrent, mais aussi les compétences préservées, afin de ne pas les pénaliser en examen et de mieux les accompagner dans leurs apprentissages.
Abstract – Dyslexic students at University: What cognitive and language deficits?
Developmental dyslexia is a neurodevelopmental learning disorder impairing written language processing. In spite of speech therapy and compensatory strategies, it still persists in adulthood. Therefore, dyslexic students describe significantly more difficulties than other students [1]. Our study provides objective arguments for various persisting atypical cognitive skills and the results are interpreted to suggest ways to understand their daily difficulties, to specify the preserved abilities, and to promote equal opportunities regarding higher education. Strategies are proposed to avoid penalizing them during exams and to better accompany them in their studies.
Des formes variées de dyslexie, chez l’enfant comme chez l’adulte
Chez l’enfant, il existe trois grands types de dyslexies selon l’atteinte plus ou moins marquée des deux procédures de lecture (pour une revue [2]). La dyslexie phonologique résulte d’un dysfonctionnement de la procédure d’assemblage, par laquelle le lecteur applique successivement des règles de traduction graphème-phonème pour un décodage attentionnel et lent du mot écrit [3, 4]. La perturbation de l’assemblage affecte surtout la lecture des mots nouveaux. En cas de dyslexie de surface, les mots ne peuvent pas être lus par adressage, procédure par laquelle toutes les lettres du mot sont comparées simultanément aux connaissances orthographiques des mots dans le lexique pour une identification rapide et automatique. La perturbation de cette procédure affecte surtout la lecture des mots irréguliers, qui nécessite une connaissance précise de l’identité des lettres et de leur position dans le mot ; elle conduit aussi à lire les mots réguliers très lentement, même lorsqu’ils sont familiers… essentiellement par assemblage. Lorsqu’elles sont neurodéveloppementales plutôt que consécutives à une lésion, les dyslexies ont rarement une forme pure. Toutefois, l’une des procédures est souvent plus déficitaire que l’autre, et on parle de dyslexie phonologique pure ou relative – DP(PR) – ou de dyslexie de surface pure ou relative – DS(PR) [5]. Ces formes représentent la moitié des dyslexies de l’enfant [6]. Si les deux procédures sont autant perturbées l’une que l’autre, la dyslexie est mixte. Les prises en charge orthophoniques varient : axées sur la phonologie en cas de DP(PR), elles proposent des exercices visuo-attentionnels en cas de DS(PR).
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