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L'expertise scientifique

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À quoi sert un examen du champ visuel ?

1) À rechercher un petit déficit ?
2) À surveiller un déficit ?
3) À rechercher un déficit important et à en préciser la localisation ?

Seule la troisième affirmation est vraie.

Figure 1 – L’effet d’apprentissage masque une dégradation !

Surveiller un déficit ou détecter une petite atteinte, c’est trois champs visuels d’emblée, ou un diagnostic raté !

Explications ➤

Il s’agit d’une patiente présentant une légère baisse visuelle de découverte fortuite. L’IRM initiale avait été interprétée comme normale, et la petite pâleur papillaire attribuée à une séquelle traumatique.
Trois mois plus tard, elle a l’impression de voir moins bien, mais l’acuité est inchangée. Le nouveau champ visuel réalisé est plutôt meilleur que le premier (Fig. 1). Cela ne doit pas rassurer, car il existe un effet d’apprentissage souvent très important. Le deuxième champ visuel est régulièrement meilleur que le premier, et le troisième, meilleur que le deuxième. La plainte fonctionnelle de la patiente, dont on ne s’est pas donné les moyens de surveiller le déficit campimétrique, imposait la nouvelle IRM qui a trouvé le méningiome du sinus caverneux, avec une expansion dans le canal optique (Fig. 2).

Figure 2 – La nouvelle IRM : il ne faut pas se laisser rassurer par une surveillance campimétrique incorrecte.

La bonne prescription

Faire pratiquer un champ visuel HUMPHREY 24-2 Sita-Fast.
Si celui-ci n’est pas normal, merci d’en programmer un nouveau dès que possible [mais pas le même jour], et un troisième si le deuxième est meilleur que le premier, mais n’est pas normal [baisse visuelle et pâleur papillaire gauche mal expliquées].
Pour tester le champ visuel d’un patient coopérant, il faut prescrire un champ visuel computérisé.
Cependant, celui-ci est si précis qu’il est sensible aux variations de performance du patient, comme un bon chronomètre détecte les variations de performance du coureur du 100 mètres !

Répéter les champs visuels pour lisser leurs fluctuations !

Si le champ visuel n’est pas normal, il faut donc le répéter afin d’avoir une base de référence statistiquement fiable permettant une comparaison ultérieure.
Après avoir établi cette base de référence, il peut être utile de multiplier les champs visuels, pour détecter une dégradation rapide, ou surtout pour rendre précocement significative une petite dégradation.

Et le champ visuel de Goldmann ?

Il n’a que trois intérêts :
- permettre de tester un patient ne pouvant bien coopérer,
- être interprétable par un neurologue,
- affirmer une forte dégradation avec certitude.
On peut aussi tester l’audition avec un gong !
Peu de coopération nécessaire, facile à interpréter, permet d’affirmer vite un gros déficit… mais vraiment pas précis !!

En résumé

Si j’avais un gliome du nerf optique, je ferais cinq champs visuels HUMPHREY 24-2 de référence, puis un champ visuel par mois !