L’association France Alzheimer, avec le Dr Julia Nivelle, neurologue au CH d’Alès, s’est lancée dans un nouveau projet : Cuisine et (in)dépendance.
Propos recueillis par Léna Pedon
Neurologies : Comment êtes-vous impliquée avec France Alzheimer ?
Julia Nivelle : J’avais un projet de réaliser un livre de recettes pour les patients atteints de la maladie d’Alzheimer et maladies apparentées, qui associe la culinothérapie et le régime méditerranéen.
J’ai contacté France Alzheimer et nous avons pu mener à bien ce projet ! Je travaille avec une cuisinière, un photographe culinaire, ainsi que des diététiciens.
L’idée est de réaliser au moins une cinquantaine de recettes. Dans un premier temps, nous avons conçu des brochures qui seront bientôt distribuées gratuitement aux patients en consultation mémoire. Puis, dans un second temps, France Alzheimer nous a proposé de tourner des vidéos, c’est une approche vraiment intéressante pour que les patients puissent voir les recettes.
Retrouvez toutes les vidéos sur la chaîne YouTube de France Alzheimer.
Du 7 au 14 novembre a eu lieu la semaine de la dénutrition, quelles actions avez-vous mises en place ?
J’ai participé, avec le diététicien Andy Abitabile qui a travaillé avec moi sur les recettes, à l’événement organisé place de la Bastille à Paris par le Collectif de lutte contre la dénutrition pour lancer la semaine. En plus d’un flashmob, entre autres, un food truck était installé, où nous avons pu préparer en direct deux nouvelles recettes. Des gens sont venus participer, c’était vraiment bien ! L’idée était vraiment de partager et de donner de l’intérêt à tous les passants. Répéter l’importance de bien se nourrir généralement, et encore plus quand on a une maladie neurodégénérative.
Comment aider les personnes atteintes de maladie d’Alzheimer à bien s’alimenter ?
S’alimenter tout court, c’est déjà bien, parce que j’ai des patients qui oublient de manger parce qu’ils sont complètement perdus dans le temps.
Donc déjà, se nourrir au moins trois fois par jour, c’est le minimum. Après, si on peut en plus jouer sur la qualité, c’est encore mieux.
On se rend bien compte que le régime méditerranéen, et c’est valable pour toutes les maladies neurodégénératives, a un intérêt dans la maladie d’Alzheimer et maladies apparentées.
Avec des oléagineux, des graines, des céréales complètes, beaucoup de légumes et fruits de saison, peu de viande rouge, des huiles variées riches en oméga 3, du poisson trois fois par semaine.
C’est encore plus vrai quand il est associé à de l’activité physique, de la méditation, un bon moral…
Le régime méditerranéen ralentit l’évolution de la maladie. Dans les études, on se rend compte même qu’il joue sur les plaques amyloïdes, en tout cas sur le modèle murin.
La culinothérapie, le fait de cuisiner soi-même, en plus d’éviter de manger des plats tout préparés qui sont riches en sel, sucres, et en mauvaises graisses (les facteurs de risque cardiovasculaire non contrôlés vont jouer négativement sur l’évolution de la maladie), permet d’avoir une bonne alimentation aussi parce qu’on a bien choisi ses produits, qu’on les a préparés nous-mêmes. En plus, le fait de cuisiner soi-même a un intérêt au niveau cognitif parce qu’il fait travailler les fonctions exécutives, la mémoire, les praxies et le langage.
Liens utiles :
• www.francealzheimer.org
• www.luttecontreladenutrition.fr