Chers lecteurs,
C’est pour moi à la fois un honneur et un impératif de mettre en lumière une problématique urgente qui interpelle la communauté médicale : le mésusage du protoxyde d’azote. Depuis sa création en 2020, notre filière de soins s’est dédiée à la lutte contre ce fléau, réunissant des experts de domaines aussi variés que l’urgence, la neurologie, la cardiologie, la biologie et l’addictologie. Notre engagement est ancré dans une approche multidisciplinaire visant à établir un repérage et un diagnostic précis des patients affectés, ainsi qu’à développer une prise en charge thérapeutique adaptée au sein de notre réseau sanitaire national.
Le protoxyde d’azote, souvent réduit à un simple gaz hilarant, cache en réalité un problème de santé publique insidieux et profondément sous-estimé. À travers ce dossier, nous souhaitons porter cette réalité à la connaissance de tous les professionnels de santé, promouvoir une meilleure compréhension des risques associés à sa consommation et, surtout, diffuser les stratégies de prise en charge des patients.
L’initiative, prenant racine dans les Hauts-de-France, a rapidement gagné en ampleur, s’étendant bien au-delà de ses origines géographiques, grâce à une synergie nationale et internationale des praticiens. Cette collaboration s’est matérialisée par l’organisation de formations et de conférences, par exemple, une journée de formation gratuite multidisciplinaire en 2023 sur le N2O ayant rassemblé plus de 500 inscrits.
En parallèle, notre dossier vise à souligner l’importance de la coopération interprofessionnelle. Il est le reflet du travail conjoint entre cliniciens, chercheurs et experts, illustré par de multiples publications dans des journaux internationaux. Il s’agit d’un témoignage du caractère pluridisciplinaire et de l’expertise de notre groupe.
La création récente de l’association PROTOSIDE (www.protoside.com) est une étape majeure dans la consolidation de nos efforts. Elle symbolise notre transition d’un collectif de professionnels passionnés à une entité structurée, capable de tisser un réseau national de centres de compétences, et de promouvoir une prise en charge localisée, diagnostique et thérapeutique des intoxications au N2O. Dans cette continuité, plusieurs sociétés savantes sur le plan national et international se sont réunies pour établir les recommandations de prise en charge des patients avec abus de protoxyde d’azote.
Ce dossier est donc une célébration de notre progression, un manifeste pour l’interdisciplinarité, et un appel à l’action. Il est une invitation à rejoindre ce mouvement, à enrichir nos connaissances, et à fortifier nos pratiques pour une meilleure santé publique. Nous espérons qu’il servira de catalyseur pour de futures collaborations et innovations dans la lutte contre le mésusage du protoxyde d’azote.
Guillaume Grzych, Coordinateur du dossier
Sommaire
- Histoire du protoxyde d’azote : espoirs et (dés)illusions
- Vigilances !
- Données sur l’atteinte neurologique : effet-dose, neurophysiologie, neurotoxicité ?
- Spectres cliniques de l’intoxication au protoxyde d’azote
- Physiopathologie et biomarqueurs de l’intoxication
- Consommation abusive de protoxyde d’azote : facteur de risque d’événement thromboembolique veineux et/ou artériel ?
- Consommation de protoxyde d’azote et addiction : analyse de cas cliniques selon les critères du trouble de l’usage
- Le protoxyde d’azote : point de vue addictologique
- Défis et stratégies dans la prise en charge de l’intoxication au protoxyde d’azote aux urgences