Pollution de l’air et accidents vasculaires cérébraux : une urgence épidémiologique et sociétale

Introduction

Au cours de ces dernières décennies, de nombreux progrès ont été réalisés dans la compréhension des mécanismes physiopathologiques de survenue des accidents vasculaires cérébraux (AVC). Au-delà des facteurs de risque vasculaire traditionnels, la recherche de nouveaux contributeurs constitue un enjeu majeur de prévention primaire et secondaire. Parmi ceux-ci, la pollution de l’air a fait l’objet de travaux en nombre croissant, dans un contexte d’exposition excessive de la population, puisqu’on estime que plus de 99 % des habitants de la planète vivent dans des régions affichant des niveaux de pollution excédant les seuils recommandés par l’Organisation mondiale de la santé [1]. La pollution de l’air serait responsable de plus de 4 millions de décès prématurés dans le monde chaque année, en particulier dans les pays à revenus faibles ou modérés et la cause principale de ces décès est l’AVC [1].

Les principaux polluants de l’air incriminés

Les principaux polluants de l’air ayant fait l’objet d’études mettant en évidence un effet néfaste sur la santé sont résumés dans le tableau 1. On distingue les polluants primaires, c’est-à-dire émis directement dans l’atmosphère (particules fines, oxydes de carbone, oxydes d’azote, oxydes de soufre, composés organiques volatils) et les polluants secondaires issus de réactions chimiques de gaz entre eux (surtout l’ozone). Le dioxyde d’azote et certaines particules sont à la fois des polluants primaires et secondaires. La source de pollution de l’air peut être d’origine naturelle (incendies de forêt, éruptions volcaniques, érosion des sols, etc.), mais est principalement anthropique, c’est-à-dire liée aux activités humaines (trafic routier, industrie, chauffage, activités agricoles, etc.).