Le signe de Babinski dans les peintures de la Renaissance : où l’œil du peintre rejoint l’œil du neurologue

Résumé
Nous avons recherché systématiquement la présence du signe de Babinski dans les peintures de l’Enfant Jésus réalisées par les grands maîtres de la Renaissance. Nous avons étudié une grande série de peintures représentant le petit Jésus par les écoles flamande, rhénane et italienne entre 1400 et 1550. La recherche s’est faite à l’aide de catalogues publiés et de Google : 302 peintures de la Renaissance (par 19 peintres) représentant l’Enfant Jésus ont été analysées. Une extension incontestable du gros orteil était visible sur 90 (30 %) des 302 peintures. Le signe de Babinski était présent dans plus de 60 % des peintures de l’Enfant Jésus de Rogier van der Weyden, Hans Memling, Martin Schongauer et Matthias Grünewald. Un signe de Babinski bilatéral a été observé dans trois peintures. La stimulation de la plante du pied a été notée dans 48/90 (53 %) tableaux et était toujours présente dans les tableaux d’Andrea del Verrocchio, Leonard de Vinci et Giorgione.
Trois facteurs principaux permettent d’expliquer la représentation de signes de Babinski dans ces œuvres :
le phénomène physiologique d’extension du gros orteil chez les nourrissons, du fait de l’immaturité des voies pyramidales ; la représentation de la nudité du Christ par les peintres au cours du XVe siècle pour démontrer son incarnation ; le besoin des peintres de la Renaissance d’une observation précise de l’anatomie et le désir de certains peintres rhénans et flamands de représenter des détails très réalistes. Les peintres italiens de la Renaissance, qu’ils soient maniéristes ou non, avaient tendance à idéaliser la beauté du corps humain, et ont souvent omis de reproduire (fortuitement) le signe de Babinski.