L'expertise scientifique

Troubles neurovisuels, traumatisme crânien et handicap invisible

Voir est un savoir. Dans le domaine de la vision, il existe ainsi un paradoxe. Nous avons souvent l’impression que la vision est une fonction évidente et simple qui nous est donnée, et qu’il nous suffit d’ouvrir les yeux pour voir. Mais, en réalité, “voir” recouvre un savoir très complexe, qui nécessite un véritable apprentissage à l’image du langage, du calcul ou de toute autre fonction cognitive. La vision a cette particularité d’être automatique, ce qui signifie que nous n’avons aucune conscience des processus complexes sous-jacents qui s’opèrent en quelques dizaines de millisecondes de l’œil au cerveau et nous permettent de prendre connaissance du monde qui nous entoure. Ce n’est qu’en présence d’une lésion des régions cérébrales qui sont impliquées dans la vision que nous prenons conscience de l’ampleur des processus complexes sous-jacents et de la nature cognitive de la vision, puisque nous perdons dans ce cas ce savoir visuel que nous avions acquis. En effet, nous savons maintenant que ce que nous voyons n’est pas une photographie du monde extérieur, prise par nos yeux, mais que notre cerveau construit, en quelque sorte, cette réalité extérieure [1]. Dans le cas d’un traumatisme crânien, les aires cérébrales impliquées dans la construction du percept visuel peuvent être lésées, conduisant à une difficulté, voire à une impossibilité de détecter, prendre conscience ou construire la scène visuelle. Le trouble neurovisuel représente donc une gêne considérable pour l’ensemble des tâches nécessitant la vision (la lecture, l’écriture, l’exploration spatiale, les déplacements), mais génère également des difficultés pour comprendre les situations et les interactions sociales. Ce trouble, invisible à l’examen ophtalmologique, puisqu’il épargne l’appareil oculaire, peut également être masqué par les autres troubles cognitifs du patient traumatisé crânien, en particulier par les signes frontaux ou les troubles du langage souvent présents. Par ailleurs, les troubles neurovisuels s’accompagnent souvent d’une anosognosie, qui rend le diagnostic particulièrement difficile.
Un dépistage systématique des troubles neurovisuels après un traumatisme crânien se révèle donc absolument indispensable pour prendre en charge ces troubles et éviter leur effet délétère sur l’ensemble de la sphère cognitive, motrice et sociale.
Nous présentons dans cet article la nature des troubles neurovisuels après un traumatisme crânien, ainsi que la conduite à tenir face à ces troubles.

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